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octobre 30th, 2018

2018 Un millésime surprenant où il ne fallait pas mollir…


En ce début d’automne, je vais tâcher, comme de coutume, de vous donner ma lecture du millésime 2018 qui vient de s’écouler. Les vinifications ne sont pas encore toutes terminées, et même s’il s’agit d’un millésime qui nous a souvent laissé perplexes, ses contours actuels confirment sa dimension très séductrice…

Après un millésime 2017 à très faibles rendements, la vigne a débourré fin mars avec vigueur et avec une précocité moyenne. La nature, plus généreuse cette année, nous a donné un très joli nombre de grappes, et de bonnes conditions à la fleur ont permis de bien les remplir. Le vigneron avait le sourire…

Puis, notre région a traversé une période chaude et humide en avril et mai où il pleuvait pratiquement un jour sur deux, laissant une atmosphère moite propice au mildiou. La pression parasitaire fut la plus forte jamais rencontrée dans ma carrière et la bataille fut acharnée, particulièrement pour un vignoble conduit en agriculture biologique.

Nous avons intensifié les mesures manuelles préventives pour créer un environnement moins favorable au mildiou. On a commencé par un ébourgeonnage, suivi d’un effeuillage soigné pour aérer le panneau foliaire, puis procédé à un éclaircissage des grappes pour permettre au raisin de sécher plus vite après la pluie.  Notre équipe de chauffeurs a elle aussi fait front, souvent intervenant le weekend ou la nuit profitant des fenêtres météo favorables.

Puis l’été est enfin arrivé, chaud, sec et long. La virulence du mildiou s’est estompée, il était temps d’évaluer les dégâts… Un feuillage touché, particulièrement sur grenache, mais des dégâts sur fruits assez limités et une récolte toujours pleine malgré quelques pertes sur jeunes vignes. Nous nous en étions bien sortis !

Puis une autre tuile ! Pour le vigneron cette fois. Alors que j’ai profité d’un peu de temps libre avec une sortie vélo en Cévennes 15 jours avant les vendanges, je me suis cassé le col du fémur.  Opération, chaise roulante, béquilles… mon rôle dans les vendanges 2018 se devait d’être redéfini. L’équipe a été incroyable, faisant front avec générosité et les vendanges se sont déroulées dans la sérénité. Mon rôle fut plus celui d’un « conseilleur interne », goûtant beaucoup, visitant les vignes en béquilles, mais ne faisant rien d’opérationnel. Mes premières vendanges sans tâches de vin sur les mains – quelle frustration!

Grâce à une météo extrêmement favorable, chaque parcelle a pu être ramassée à un optimum de maturité, dont l’évaluation fut parfois difficile. Car si la chaleur de l’été a permis une bonne maturation du raisin, les nuits plutôt chaudes nous ont donné un potentiel couleur et acidité inférieur aux deux millésimes précédents. Dès la mi-août, le raisin faisait preuve d’une acidité extrêmement basse (signe de maturité physiologique) alors que l’aromatique et les tanins restaient végétaux. De même, l’ordre de maturation des cépages et des parcelles ne ressemblait à rien de vécu précédemment, ce qui entretenait le doute.  Nous avons choisi d’ignorer la dimension analytique et nous nous sommes uniquement calés sur la dégustation des baies pour déclencher les récoltes.

L’essentiel des fermentations s’est effectué sans ajout de SO2 et en levures indigènes pour respecter au mieux l’expression de chaque terroir. L’encuvage en grappes entières a de nouveau été réalisé sur nos plus vieilles parcelles de raisin noir. Les blancs et rosés sont très aromatiques avec de belles fraîcheurs de fruit et une bouche ample, suave et sans lourdeur. Les rouges sont eux aussi éclatants de fruit, avec des couleurs moyennement soutenues et des tanins extrêmement soyeux.

Les vins du millésime 2018 seront prêts tôt dans un style très séducteur.

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