Nos ancêtres œnophiles sont les Volques. Nul ne peut remettre en question l’apport de la civilisation romaine à notre belle région, mais lorsqu’ils arrivent à Nîmes en 121 avant JC, ils y trouvent un peuple épicurien qui cultive déjà la vigne depuis 4 siècles : les Volques arécomiques. Civilisés et organisés, ce peuple celte a fondé Nîmes et érigé la première version de la célèbre Tour Magne qui domine notre cité. Dans leur commerce avec leurs voisins méditerranéens ils ont aussi pris goût aux vins étrusques et, s’inspirant de leur savoir-faire, ils ont planté les premiers vignobles de la Gaule.
A cette époque, le propriétaire volque a tout d’un bon vivant. Il travaille le sol, pratique la pêche et l’élevage, possède dans sa ferme une porcherie, un saloir et un fumoir à poisson. Il vinifie et presse son vin pour sa propre consommation. Sa vigne est plantée en rangées, comme celle qui pousse aujourd’hui sur nos coteaux et vallons. Dans un prochain billet je vous expliquerai comment des fouilles entreprises sur nos parcelles ont permis de révéler des traces de vignes antiques. Précieusement conservé dans un dolium en terre cuite (et en barrique dès le premier siècle avant JC), ce vin est dégusté « à la grecque », avec toute la vaisselle en argile (amphore, carafe et coupe) qu’exigent les arts de la table antiques. On se rend compte en somme combien notre style de vie hédoniste ressemble à celui de nos ancêtres.
Plus tard avec les Romains et leurs routes marchandes, cette tradition du vin se développera par le biais du commerce, mû par la qualité des terroirs et entretenu au Moyen-Âge par les puissantes abbayes. Selon les registres du Palais des Papes à Avignon, la zone où s’étend aujourd’hui notre appellation approvisionnait la table des Papes qui y résidaient. Reconnu comme un des grands connaisseurs en vin de son époque, Thomas Jefferson avait goûté lors de ses voyages dans le Sud de la France en 1787 un vin dont il avait longtemps gardé le souvenir et importé aux Etats-Unis une fois à la retraite. Ce vin provenait des alentours de Nîmes.
Tant et si bien qu’au fil des siècles la viticulture perdurera sur les terrasses nîmoises. 2500 ans de tradition du vin sur les mêmes sols, sous les bons auspices des dieux païens, grecs, romains puis chrétien ! Peut-on dire des Costières de Nîmes qu’elles sont le plus ancien vignoble vivant de France ? Je préfère laisser cette question aux historiens. C’est en tout cas une vieille histoire d’amour entre une terre, ses hommes et son vin, qui perdure aujourd’hui.
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